Publié le 12 avril 2013 | par Comité STAT
Une lutte dont vous pourriez être l’héroïne / le héros
Texte distribué aux travailleurs et travailleuses du CSSS Bordeaux-Cartierville-St-Laurent en avril 2013.
Des membres du comité STAT étaient présents au CSSS Bordeaux-Cartierville-St-Laurent lors de l’annonce des coupures du directeur général. Comme vous le savez, environ 70 postes seront supprimés cette année afin que l’administration puisse se conformer au plus vite à la loi sur l’équilibre budgétaire. Écouter les gestionnaires expliquer ça aux travailleurs et aux travailleuses convoqué pour l’occasion, l’air bon enfant, dans cette promiscuité outrageante d’un auditorium qui suinte la mort, c’était vraiment insupportable. Ils ont réitéré dans leurs beaux costards et à maintes reprises que la situation est malheureuse, mais inéluctable, figurez-vous. L’austérité économique, c’est pas une blague. Et pour rajouter au drame, ne vous inquiétez surtout pas : le plan de redressement comporte moult projets d’optimisation comme ils disent, alors au travail gang de lâches!
Le mutisme généralisé des travailleurs dans la salle après la scandaleuse allocation du directeur témoigne à n’en point douter des divisions internes que cultivent à leur gré les gestionnaires. On voulait juste savoir qui allait être toucher par les fameuses coupures. « Très peu d’entre vous, en particulier les nouveaux à vrai dire », ont-ils répondu gaiement. Ceux et celles qui ont poussé un soupir de soulagement devraient réfléchir deux fois avant de se réjouir. Dans un système où le flux tendu est si extrême, chaque nouvelle coupure met de la pression sur l’ensemble d’entre nous. On oublie vite que les projets d’optimisation auront des impacts négatifs sur la totalité du réseau alors qu’on a peur de perdre nos jobs. Et pourtant. La guerre de tous contre tous, entre travailleurs des différents métiers, milieux ou affectations, sert les intérêts des gestionnaires.
Il fut une époque où nous, travailleurs et travailleuses, aurions refusé une telle situation. Nous l’aurions contestée, peut-être sans espoir il est vrai, mais au moins nous aurions agi et conservé ainsi un tant soit peu notre dignité. Jamais les jeunes nouveaux auraient été sacrifiés sur l’hôtel de l’austérité. Cette époque est révolue, semble-t-il. Et pire encore, les représentants syndicaux sont là aujourd’hui pour nous dire avant même qu’une assemblée générale ne se soit prononcée sur la question, avant même qu’une pointe de colère puisse se frayer un chemin sur les planchers en toute légitimité, eh bien, devinez quoi, que la bataille est déjà perdue. La loi, c’est la loi, s’agit juste de rejeter l’odieux de cette décision sur les gestionnaires… la belle affaire. Quelle est la prescription concrète de votre syndicat affilié CSN, lui qu’on dit de tradition combative ? Continuez à bien travailler, comme d’habitude, ne changez absolument rien. Et attendez, on va négocier quelque chose pour atténuer les impacts négatifs.
La docilité syndicale et le défaitisme ambiant sont une seule et même chose. Après 30 ans d’échecs, personne n’ose rien dire. Personne ne crie, personne ne chiale. Bon, quelques fois, dans des couloirs presque vides, les mauvaises langues se délient le temps d’une pause. Et ça en reste là, jusqu’à la prochaine séance de défoulement.
Eh bien sachez qu’on peut encore dire non. On peut même s’organiser ensemble pour dire non. Il n’y a aucune victoire assurée au bout, mais qu’importe. C’est pas la machine bureaucratique de l’État soumise aux lois du marché qui va changer d’un coup, un premier sursaut de combativité, non, c’est vous autres, en vous organisant qui allez changer. C’est pas rien ça! La lutte commence d’abord en vous-mêmes, contre vous-mêmes. N’écoutons pas le discours de ceux qui croient que plus rien ne peut changer et qui courbent l’échine avant même d’avoir envisagé la contestation. Il s’agit de se reprendre en main et de faire le travail que votre syndicat se refuse de faire, d’arrêter d’attendre que des responsables vous prennent en charge. La corruption est partout où le pouvoir se concentre.
Nous distribuons ce texte parce que nous sommes en colère: on subit nous aussi dans nos milieux respectifs des projets d’optimisation et de rationalisation. Et parce que cette colère est toujours étouffée, privée de sa légitimité, nous sommes venus vous exprimer notre soutien.
Qu’est-ce qu’il faut? Une rencontre des travailleurs insatisfaits qui fixeront leur propres règles du jeu. Comment le faire? Par l’organisation. Qui? On sait pas. Quand? Où? À vous de voir. Vous voulez de l’aide? On est là. On peut pas l’organiser pour vous cette rencontre, mais vous avez notre parole, si l’initiative se présente, on va rester en retrait, on va juste vous aider à distribuer un petit tract comme celui-ci dans tout votre CSSS afin d’assurer la présence d’un maximum de travailleurs. Après, advienne que pourra.
Comité STAT
Vous pouvez consulter le communiqué du syndicat ici : http://sttbcstl.org/2013/03/compression-budgetaire
La réponse subséquente du syndicat CSN de Bordeaux-Cartierville-St-Laurent:
http://sttbcstl.org/2013/05/reponse-au-tract-du-comite-stat-une-lutte-dont-vous-pourriez-etre-lheroine/
Réponse au tract du comité STAT « Une lutte dont vous pourriez être l’héroïne »
Par Exécutif Syndical, le Jeudi l 2 mai 2013
Oyez Oyez,
Chers(es) membres du syndicat de Bordeaux-Cartierville-St-Laurent nous sommes heureux de vous informer que nous sommes bénis des dieux. Des anges révolutionnaires sont descendus du ciel portés par la vérité absolue et la science infuse. Nous avons effectivement eu dernièrement la chance de bénéficier de la visite inespérée de délégués « ultra chevronnés » du Comité Stat. Ces grands penseurs du réseau de la santé, désabusés mais combien réfléchis, tirent tout azimut sur tout ce qui bouge ou plutôt sur tout ce qui ne bouge pas à leur goût. Éveilleurs de conscience, dramaturges nostalgiques de la pensée révolutionnaire. À les écouter nous devons agir pour éviter d’être « sacrifiés sur l’autel de l’austérité« . Nous devons surtout agir contre la morosité contagieuse des travailleurs et travailleuses que nous sommes. Nous devons combattre le défaitisme et la gouvernance. À bas les gestionnaires et les syndicats, surtout le nôtre qui revendique selon leurs propos rien de moins que rien… Nous le syndicat des travailleurs et travailleuses du CSSS BCSTL qui toujours selon eux ne cherche qu’à limiter les dégâts sans écouter. Sans nous battre, sans entendre en assemblée générale la grogne populaire. Quel type de syndicat peut se permettre autant de docilité que le nôtre ? S’exclament t’ils !
Bref, à les entendre nous devrions presque avoir honte. Mais honte de quoi ? De comprendre les règles de la convention collective et de vouloir les appliquer dans le respect des droits des travailleuses et travailleurs que nous défendons ? Honte de ne pas lever les boucliers prématurément contre la direction soumise aux mêmes règles de compression budgétaire dictées par le ministère. Honte de vouloir discuter avant d’agir ?? Franchement, devons nous vraiment avoir honte de favoriser le dialogue avant de ruer dans les brancards ? Honte d’essayer de vouloir travailler dans le respect mutuel plutôt que dans la controverse hostile et stérile. Au nom de quel principe dites-nous; celui de la négation purement et simplement. Ou celui du principe selon lequel nous devons nous mobiliser. Merci de nous le rappeler nous avions oublié.
Il est vrai que nous devons lutter pour conserver notre dignité et c’est précisément de que nous nous efforçons de faire étape par étape. Nous ne croyons pas avoir besoin d’un groupuscule de négationnistes belliqueux et maitres du savoir pour nous dicter notre conduite. Merci tout de même d’avoir essayé.
Oui nous sommes d’accord pour travailler à changer le laxisme populaire et le climat de morosité et aimerions pouvoir le faire d’un seul coup de baguette magique. Malheureusement nous n’avons pas encore appris la méthode.
Mais qu’à cela ne tienne, nous pouvons compter sur le Comité Stat. Éveilleurs de conscience. Témoins farouches de l’austérité bureaucratique. Faisant fi d’objectivité ils peuvent eux, nous délivrer du mal. Alors, syndiqués affligés debout… Rejoignons les rangs de nos super « héros » seuls devant l’adversité ils nous dictent la voie à suivre pour lutter contre le mal car ils possèdent la connaissance et la vérité qui nous échappe.
Merci au comité Stat de nous rappeler que nous sommes conscients des enjeux inhérents aux compressions budgétaires. Merci surtout de citer nos propos. Nous les réitérons sans gène par respect pour nos travailleuses et travailleurs. Reconnaitre le travail de nos membres, que cela vous déplaise, n’est pas un acte de soumission et encore moins de faiblesse.
Nous sommes d’avis que le débat est constructif et vous invitons par le fait même à dialoguer avant de vous introduire anonymement et furtivement dans un débat sans aucun avis préalable. Devons nous, à vous écouter, assurer la pérennité de l’héritage Charest : restons donc divisés. Voilà la réflexion !
Devons nous décider de nous solidariser ou nous planter des couteaux dans le dos ?
Le syndicat des travailleuses et des travailleurs du CSSSBCSTL
Source: sttbcstl.org