Publié le 15 novembre 2010 | par Comité STAT
Sur l’entente de principe de la FIQ
Écrit en novembre 2010 par Ariane Bouchard, infirmière syndiquée à la FIQ.
Ce que les dernières négociations nous ont appris, mis à part que le syndicalisme a perdu toute combativité, c’est qu’il n’y a plus aucune solidarité syndicale. Le front commun, c’était chacun pour soi.
La FIQ a conclu une entente qui sera acceptée massivement. Sa stratégie est claire désormais. Dès le départ, la FIQ avait accepté de faire partie du front commun à la seule condition qu’aucun autre syndicat ne se mêlerait de ses négos sectorielles. Elle a accepté les offres médiocres de la table centrale pour ensuite aller chercher des augmentations déguisées dans ses négos sectorielles. J’ai vu Madame Laurent, présidente de la FIQ, avoir une conversation assez corsée avec une représentante locale CSN à ce sujet. La FIQ savait aussi que les infirmières, avec l’appui de la population, ont un vrai rapport de force, rapport de force qu’elle a gardé pour elle-même.
D’un autre côté, une fois les ententes réglées à la hâte, les autres syndicats du front commun se sont totalement détournés de la FIQ. La CSN s’est mise à s’activer pour les lockoutés du journal de Montréal, mais rien pour la FIQ.
Il n’y aucune solidarité intersyndicale dans les milieux de travail. Pire, les syndicats souscrivent à l’idée qu’un préposé ne peut pas comprendre le travail d’une infirmière et vice versa, alors que la surcharge pèse sur tout le monde et que seul le travail d’équipe permet de s’en sortir. C’est exactement ce que l’État veut.
Cependant, la disparité des gains est d’abord attribuable à l’absence de combativité des syndicats lors des négociations nationales. Des articles publiés cette semaine sur les finances du Québec nous apprennent que le ministre Bachand était prêt à concéder lors des négos des augmentations salariales de 2% par année aux employés de l’État, alors que ces derniers ont accepté beaucoup moins* (0.5% la première année et une augmentation graduelle jusqu’à 2% la dernière année de la convention collective). Un surplus inattendu de 1.4 milliards est donc apparu dans le récent budget du gouvernement grâce aux ”concessions” des travailleurs de l’État, dont les syndicats prônent le sacrifice en temps de crise et un sacrifice visiblement plus grand que ce qu’aurait osé demander le ministre des finances.
Un tel front commun, au sein duquel certains travailleurs s’en sortent avec plus, et d’autres moins, ne peut qu’accroître les divisions, ainsi que le cynisme envers la lutte et les syndicats.
*http://fr.canoe.ca/infos/quebeccanada/archives/2010/11/20101111-214234.html, consulté le 15 novembre 2010